L’Ayahuasca est bien évidemment réputée pour ses puissants effets psychotropes. Les visions qu’elle provoque s’apparentent à des trances chamaniques ou des expériences mystiques. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle les occidentaux se tournent vers cette médecine. Cependant les effets de l’Ayahuasca se manifestent tout autant au niveau physique, psychologique, émotionnel, qu’énergétique. À titre d’exemple, de nombreuses tribus Amazoniennes utilisent avant tout la liane d’ayahuasca pour ses propriétés nettoyantes à l’instar du *kambo, afin de se se débarrasser des parasites, des maladies du corps, ainsi que des maladies de l’esprit. Encore aujourd’hui certaines communautés notamment au Brésil ont pour coutume de recourir collectivement à une purge d’Ayahuasca. Plus communément, la maison des esprits qui sert de lieu aux cérémonies d’Ayahuasca ( *maloca ) est un lieu où l’on venait se soigner en famille pour parfois boire l’Ayahuasca. À ce sujet nous tenons à rappeler qu’il n’est pas obligatoire de boire de l’Ayahuasca pour se soigner. La médecine traditionnelle amazonienne est une science médicinale qui réunit des centaines d’autres plantes dont l’Ayahuasca fait également partie.
* Qu'est-ce que le Kambo ?
* Qu'est-ce qu'une Maloca ?
Un soupçon de polémique
Pris à part, l’Ayahuasca peut être effectivement perçue comme un outil d’introspection et d’éveil, mais il faut souligner que la dimension visionnaire de cette médecine était traditionnellement l’outil de diagnostic et de soin du guérisseur. De nos jours, il est souvent l’élément principal qui motive les occidentaux à venir participer à des retraites d’Ayahuasca. Sans non plus condamner cette approche il faut tout du moins signaler certaines dérives actuelles. En effet, des praticiens occidentaux tendent à s’affranchir des traditions et proposent pêle-mêle tout un patchwork de pratiques holistiques autour d’une retraite « Ayahuasca », réduisant cette médecine au nouveau produit marketing « tendance ». Rappelons avant tout que l’Ayahuasca est l’héritage des communautés indigènes d’Amazonie. Utiliser l’Ayahuasca de cette manière témoigne d’une appropriation pure et simple, mais surtout d’une ignorance de son réel potentiel thérapeutique.
Effets principaux de d’Ayahasca
Le breuvage d’Ayahuasca provoque un état de conscience « modifiée », sorte de rencontre entre le conscient et l’inconscient pouvant amener celui qui en consomme à un état de lucidité dialectique. Ce phénomène visionnaire permet en somme d’être à la fois l’examinateur et l’examiné, et met en lumière la racine des conflicts qui affectent l’individu. D’après les expériences en neurologie ménées par le Docteur Riba (voir plus bas), l’Ayahuasca agit sur les empreintes émotionnelles en réactivant nos mémoires anciennes, tout en maintenant éveillée notre part consciente. Comme le cerveau fait automatiquement le lien entre les experiences nouvelles et les expériences anciennes, le patient crée ainsi de nouvelles connexions dans le cerveau afin de guérir de ses tendances répétitives, nocives et limitatives. Il arrive toutefois que l’on se sente perdu, confus ou en proie à la panique. Ces états sont souvent inévitables et représentent nos résistances face au phénomène. Ce genre de résistances provoquent la plupart du temps une sensation de nausée très fréquemment suivie de vomissements. Les vomissements constituent également un acte symbolique où l’on expulse de soi les énergies mauvaises.
« …, j’ai éprouvé une sorte de malaise, je ne pouvais plus tenir en place sur mon matelas. Tandis que je luttais pour garder ma concentration, les effets devenaient de plus en plus forts, je commençais à suer à grosses gouttes, ma respiration se faisait de plus en plus haletante. J’ai finalement saisi mon seau et me suis mis à vomir mes tripes. Je voyais des insectes grouillants et noirs sortir de ma bouche. Ensuite je me suis affalé sur mon matelas. J’étais épuisé mais étrangement serein. Une sensation de bien-être parcourait tout mon corps…»
— Témoignage d'un patient ayant bu de l'Ayahuasca
Les heures qui suivent la cérémonie sont souvent des moments où l’on éprouve bien être et calme. Hasard ou coïncidence, il se trouve que l’Ayahuasca est un excellent antidépresseur ( voir chapitre sur la chimie de l’Ayahuasca ). C’est aussi la raison pour laquelle elle est très appréciée dans le traitement des addictions, des dépressions et des traumatismes. Cette sensation de bien-être et de libération permet d’accompagner le patient dans son processus de soin, étape initiale à tout travail ultérieur. Les cérémonies d’Ayahuasca constituent une première approche qui permet d’entrevoir les bienfaits d’un travail en profondeur, comme dans le cadre d’une Diète de Plantes Maîtresses.
Effets neurologiques :
L’Ayahuasca active bien évidemment le cortex visuel. Cependant d’autres zones du cerveau sont aussi activées. D’après les recherches du Dr Riba, l’Ayahuasca active le néo-cortex, siège de la perception, de la raison et de la capacité de décision. Elle active également l’amygdale, une région du lobe temporal médial qui contient toutes nos mémoires émotionnelles anciennes dont les traumas, les deuils, les drames,… Le cortex insulaire est aussi activé. Il est considéré comme le lien entre nos impulsions émotives et notre capacité de décision.
D’après un article paru sur Journal of Psychopharmacology, l’Ayahuasca active les régions frontales et paralymbiques du cerveau, tout en inhibant le «réseau du mode par défaut » mode passif censé gérer la conscience de soi à travers l’introspection et les mémoires autobiographiques. Ce mode de fonctionnement semble absent chez les consommateurs réguliers d’Ayahuasca qui à l’inverse ont tendance à cultiver un forme de pleine conscience basée sur le ressenti et l’expérience des sentiments. Amanda Feilding, chercheuse britannique ayant travaillé avec le Dr Jordi Riba, affirme que l’Ayahuasca agit sur l’esprit et permet de se libérer de l’emprise de l’ego. Une étude corrèle ce fait, démontrant que la consommation régulière d’Ayahuasca pouvait s’apparenter à la pratique de la méditation, ayant pour effet de se détacher de ses pensées et de ses émotions. Il a été également démontré que l’ayahuasca favorisait la neurogenèse (production de neurones) ainsi que la neuroplasticité (capacité à modifier le réseau synaptique), provoquant des changements de communication entre les circuits neuronaux véhiculant des habitudes addictives inadaptées. Ainsi l’Ayahuasca stimule la production de nouveaux circuits neuronaux et facilite un recâblage neurologique des voies de récompense du cerveau, comme une sorte de « reboot ». Pour plus d’information veuillez-vous référer à l’article scientifique (anglais) suivant : The Therapeutic Potentials of Ayahuasca: Possible Effects against Various Diseases of Civilization.
Effets physiques et vertus thérapeutiques :
On ne peut parler des effets de l’Ayahuasca sans aborder ses propriétés purgatives. Il est fréquent lors d’une cérémonie d’Ayahuasca que le patient soit pris de nausée, de vomissements, de diarrhées,… Cette étape de « nettoyage » est tout a fait naturelle et passe chez certaines communautés pour la phase la plus importante du processus de guérison. À noter que la purge est très souvent nécessaire afin que le patient puisse avoir des visions. La consommation d’Ayahuasca peut aussi s’accompagner de douleurs physiques autres que la nausée, telles que des maux de ventre, des maux de tête, une sensation de brulure et de lourdeur sur la peau, des frissons, de soudaines douleurs dans le dos ou dans toute autre partie du corps. Ces dernières sont bien souvent causées par des douleurs « fantômes », des énergies résiduelles liées à des évènements traumatiques, des émotions enfouies,… Elle peuvent aussi être le résultat d’un mauvais suivi de la « diète » précédant la consommation de l’Ayahuasca. (Voir les contre-indications liées à la consommation de l’Ayahuasca).
L’Ayahuasca s’avère être aussi un puissant anti-parasite agissant sur le système digestif et les voies urinaires. Elle contribue aussi à débarrasser le corps des organismes microbiens tels que le Colibacille, la Salmonèle, ainsi que les levures intestinales. Hormis son action assainissante, l’Ayahuasca contient également de nombreux principes actifs, dont la DMT. Il se trouve que la DMT pourrait jouer un rôle majeur dans le traitement de nombreuses maladies dégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose latérale amyotrophique, les troubles bipolaires, l’athérosclérose, le diabète, l’ostéoporose et les troubles cardiovasculaires comme l’indique l’article scientifique (anglais) suivant The Therapeutic Potentials of Ayahuasca: Possible Effects against Various Diseases of Civilization. Enfin, l’Ayahuasca a également des propriétés anti-cancerigènes. Elle stimule la production de globules blancs favorisant la destruction des cellules cancéreuses, stoppe la propagation du cancer, et empêche l’utilisation du sucre par les cellules cancéreuses (effet warburg). Pour plus d’information, veuillez-vous référer à l’article (anglais) suivant Ayahuasca and cancer treatment.
Effets énergétiques et émotionnels :
L’ayahuasca a la propriété d’harmoniser les énergies du corps en dénouant les « noeuds » qui pourraient s’y trouver. Les énergies libérées re-circulent alors de façon plus harmonieuses. Lors de ce processus de libération, les émotions enfouies resurgissent. Parfois on est submergé par des émotions contradictoires. C’est le cas lorsque beaucoup de matériel émotionnel se libère en même temps. La conséquence directe de ce rééquilibrage énergétique est que l’on se sent plus « centré », plus en forme, plus stable énergiquement, à même de regarder ce qui nous entoure avec un oeil neuf et contemplatif.
Effets de l’Ayahuasca sur la spiritualité
Il est assez courant qu’après avoir passé un séjour dans un centre d’Ayahuasca, on ressente le besoin de vivre plus intensément sa spiritualité. La médecine de l’Ayahuasca nous aide en effet à nous reconnecter à nous même, à travers le travail d’acceptation de soi, de lâcher-prise, et par les révélations que les visions induisent. Elle nous permet de renouer le dialogue avec notre âme. Attention toutefois à ne pas perdre pied . Il est fréquent que des patients se prennent pour le nouveau prophète et fasse un «*complexe du messie».
Commentaires